Depuis … je déteste les p’tits vieux.


Hellocoton

Dans les toilettes. La personne avant moi a tiré la chasse d’eau, mais il reste quelque chose, là, en surface.
Une petite boule rose, luisante et spongieuse, qui grossit.
Qui se développe et se transforme en un bébé pas plus grand que ma main, mal en point.

De façon désarticulée, comme une poupée.
La porte des wc est ouverte, je suis en panique, mon père me dit  » mais qu’est ce que tu attend pour le jeter ».
Je saisi le truc par les cheveux, qu’il a déjà long et poisseux et je le dépose dans les poubelles, sur un lit de serviette hygiénique.

Je me réveille.
en sueur et affolée.
Parceque je sais qui est passé avant moi, dans les toilettes.
Qui a perdu ce petit quelque chose en cours de route.  Rond et rose comme doit l’être un ovaire.
C’est ma mère.
A qui on a annoncé hier que le cancer, cette immonde bête qui se propage dans le corps, s’attaque à elle.

« Cancer des ovaires ».
Au premier abord, on se dit : »Bon, ça va, c’est localisé. Une ablation, et basta, c’est rémission »
Oui, mais non. Le cancer est une bestiole qui grignote.
Les organes autour, qui se répand aussi vite que le sang. Il grignote les ovaires d’abord, les intestins ensuite, se dépose en kyste, se multiplie en métastases.
Il grignote aussi le moral, le tempérament, il grignote l’âme.
Du malade et de ceux qui l’entourent.

Alors oui, depuis cette nouvelle, je déteste les petits vieux, ceux que je croise dans la rue, tout rabougri.
Ceux qui peinent à marcher, qui semblent tout fragiles, qui râlent à tout bout de champs.
Parceque ma mère, à même pas 60 ans, à vu ses chances d’atteindre le statut de « petite vieille fragile »  s’amoindrir.
(espérance de vie de 10 à 15 ans, ou de 1 à 5 an, selon la phase d’avancement du cancer.  Que je ne connais pas)

Depuis l’annonce, il y a quatre jours, je ne craque pas complétement.
J’y pense tout le temps, j’en viens à souhaiter que ce week-end se termine pour retourner me remplir la tête avec les traces et les exigences du bureau. Façon autruche.
Des larmes me viennent d’un coup, à la simple évocation de ce qui l’attend. De la mention de son âge. D’un souvenir qui ressurgit.
Je ne sais pas si je dramatise, ou si au contraire, je ne prend pas toute la mesure de la situation.

Et puis, la culpabilité.
Parce que oui, j’ai une semaine de congé, là, bientôt.
Avec un programme de vacances bien établi, qu’on attend depuis 6 mois.
Pour être à deux, en couple, pour décompresser de cette année mouvementée, et de celle à venir.
Mon père ne m’a pas dit si il y avait urgence. Je ne sais pas.
Il me l’aurait précisé, non ?
Il y a 5h de route pour aller les voir. J’irai lors de mes prochain jours de congé, dans un mois et demi.

Et là, je vais partir en vacances, pas tout à fait tranquille.
Avec mon duo de grignoteuse : la culpabilité qui pince le cœur, et le cancer qui ronge l’âme.

Edit du 08/09/2013 : finalement, je n’ai pas été en vacances.
On est allé la voir. Je vous raconte ça, ici.

 

gba

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38 réponses à “Depuis … je déteste les p’tits vieux.

  1. Je ne sais pas trop quoi te dire autre que bon courage ♥. Je n’oserais pas écrire: « je sais ce que tu ressens » mais je peux très bien l’imaginer. C’est vraiment une maladie de m****. Essaie de ne pas culpabiliser, profite de ces congés pour te ressourcer et revenir plus forte que jamais. Ta mère ne doute certainement nullement que de près ou de loin, tu es là pour elle 😉

  2. Oui, bien sûr que tu peux partir en vacances, ne culpabilise pas! La vie continue et ta maman va commencer son combat. Montre-lui par des petits coups de téléphone que tu es là pour elle et que tu penses à elle très fort. Ressource toi de ton côté. Etre proche d’une malade du cancer n’est pas de tout repos, prends des forces et ne coupe pas le lien avec elle. Bon courage.

  3. Ne te sens pas coupable, il faut d’abord que tu accuses le coup et après tu seras la et tu seras forte car c’est de ça que ta mère a besoin. Profites de ces vacances pour reprendre des forces et reprendre le contrôle de ce trop plein d’émotion et d’informations. Le moral est très important dans ce type de combat le sien et le tien alors courage et repose toi bizzz Brunyyy

    • merci de ton message de soutien.
      Déja, j’ai été me renseigner sur cette maladie, j’ai interrogé mon medecin, et surtout j’ai décalé mes vacances. La culpabilité me pesait trop !
      Je me repose … je suis en arret maladie pour 3 jours !
      Bises

  4. Bon courage ! Essaye quand même de profiter de tes vacances, de te reposer. Ne culpabilise pas. Je sais c’est facile à dire… mais je pense que tu as besoin. Je souhaite vraiment beaucoup de courage à ta maman, à toi et à toute ta famille.

  5. je sais pas trop quoi te dire alors je t’envoie tout mon soutien. Je suis sûre que ta mère ne voudrait surtout pas que tu annules tes vacances pour elle. Essaie d’en profiter, de faire le plein d’énergie et de force pour ton retour.

  6. Je vous souhaite bien du courage, à toi, ta mère et ta famille, dans cette épreuve qui ne fait que commencer. J’espère qu’ils pourront l’aider à vivre longtemps, longtemps!

  7. Tout mon soutien à toi ainsi qu’à toute ta famille. Comme ça a été déjà dit, tu peux très bien soutenir ta mère sans être là physiquement, par téléphone. Ces vacances étaient faites pour décompresser, et tu as une raison de plus de le faire, sans t’en sentir coupable (facile à dire, je sais :s).
    Bon courage

  8. La vie est parfois bien dure et injuste.
    Il faut être là pour ta maman quand tu le pourras et profiter de tous les bons moments, car il y en aura encore beaucoup j’en suis sûre.
    Pour être mieux présente pour elle il faut que tu soit reposée et détendue (si c’est possible) et les vacances sont faites pour cela.
    Repose-toi bien ma belle et prends bien soin de ta maman.

    • finalement, j’ai pas pu, trop de culpabilité de partir en vacances alors que …
      donc j’y vais dans une semaine. Je partirai en vacances après !
      merci de ton soutien, bises

  9. Je suis tombée ici par hasard et je veux juste de souhaiter du courage… Ma grand-mère a eu un cancer de ovaires également, et on a appris la semaine dernière que le père de mon copain avait un cancer de l’estomac…
    Je te fais plein de bisous et suis de tout coeur avec toi ❤

  10. Comme je te comprends on viens de nous annoncer la même chose pour mon père.J’ai cette culpabilité stupide, ou je me dis que je devrais annuler mon mariage prendre les sous du mariage pour aller leur rendre visite en France. Moi je déteste toutes ces personnes qui disent que ça va aller et qu’il y a pire que ce type de cancer et qu’il connaisse machin ou machin qui a eu ca. Mais moi j’ai su mal a accepte. Alors je parcours les sites médicaux des centres de cancer pour tout comprendre (et pas les sites internet style doctissimo). Et j’ecris car ca me calme de poser des mots dessus. Juste plein de courage a toi et a ta famille.

    • le fait d’être loin n’arrange pas les choses. je ne suis qu’ a 5h de route, mais toi qui est dans un autre pays, je n’ose imaginer comme ce doit être compliqué.
      j’avoue, ca m’agace aussi un peu, ceux qui tentent de me rassurer en me parlant du cancer d’untel ou d’untel. Il n’y a pas un cancer, mais des cancers, avec autant de cas différent qu’il y a de personne. Mais je ne dis rien, car je sais que ça part d’un bon sentiment.
      Bon courage a toi aussi, et merci pour ton soutien
      Anya

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  13. Bonjour, et merci de votre visite. J’endosse un peu le rôle d’une maman qui se bat contre un cancer depuis plus d’un an. Pas pour vous raconter mon histoire, car, comme vous le dites bien, il y a des cancers et surtout des personnes qui vivent ces cancers. Et il n’y a aucune recette miracle. Au jour le jour avec les hauts et les bas, avec qui on est…
    Ce que j’ai envie de vous dire, c’est qu’elle a de la chance votre maman d’avoir une fille comme vous qui peut se laisser toucher et éprouver un tas d’émotions. Et qu’il ne faut pas hésiter à communiquer sur cela aussi.
    Moi, personnellement, ce sont les partages authentiques qui me font le plus de bien. Pas ceux où les personnes se sentent obligé de montrer une façade de battant, qui viennent pour vous remonter le moral et sont donc incapables d’écouter ce qui ne rentrent pas dans leur scénario et dont on sort épuisé après cette non-rencontre.
    La vie est plurielle. Ouvrez-vous à cette réalité. Plusieurs émotions peuvent coexister.
    Pensées pour vous.

    • merci pour vos mots, qui mettent du baume au coeur, je ne sais pas tellement pourquoi.
      Parceque je ne suis pas douée pour exprimer mes sentiments, parcequ’effectivement, je n’ai pas le profil d’une « battante », parceque chez nous, on n’est pas tellement démonstratifs …

      Parceque la seule chose que je peux faire, c’est être plus souvent présente, malgré les kilomètres. Auparavant, je ne voyais mes parents qu’une ou deux fois par an, et ça, si peu, ce n’est plus possible.

      Merci encore, et bon courage.

      • Croyez moi, on ne mesure pas assez l’impact d’une pensée, d’une qualité de présence attentionnée. Il ne faut rien faire… Si, faites vous confiance !
        🙂

  14. Je découvre ton blog et je tombe là dessus. Et ça me parle. Tellement trop. Alors même si je ne sais pas les bons mots à dire dans ces moments difficiles, je veux juste te dire que je pense à toi et que vous avez tout mon soutien. Continue de vivre, ne regrette rien, ne culpabilise pas.

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Un p'tit mot ? Merci ^_^